Qu'est-ce que j'ai appris en écrivant dix pièces ? Que j'avais tendance à faire des choses qu'il ne fallait pas faire et que je faisais l'impasse sur des étapes qu'il fallait absolument respecter... Ce n'est pas grave, on apprend tous les jours. Voici un petit bilan :
CE QU'IL NE FAUT PAS FAIRE
► Eviter son sujet - ah oui, ça paraît évident, mais j'ai parfois fait l'erreur de broder, de faire arriver des personnages pour délayer un peu la sauce au lieu de confronter mon sujet de plein fouet et de l'approfondir. L'effet d'un tel texte ? Une petite balade gentillette, on ne s'ennuie pas à mourir mais on peut aussi penser en même temps à ce qu'on va manger le lendemain matin au petit déjeuner... L'attention du lecteur n'est pas complètement sur la pièce, on va dire, ce qui n'est pas terrible.
► Eviter le conflit - mon grand défaut. C'est terrible à dire mais je ne suis pas de nature conflictuelle. Si j'entends les gens se disputer, j'ai tendance à prendre la tangente. Peut-être pas le meilleur trait de caractère lorsqu'on veut écrire des pièces, mais voilà, je suis comme ça, je n'y peux rien. Donc, pour reprendre mon sujet, j'avais tendance au début à écrire des scènes qui s'enchainaient et préparaient à une grande scène de confrontation finale qui, euh... se remarquait surtout par son absence ! Les personnages s'entendaient très bien, donc encore une fois, tout ça était trop gentillet.
► Avoir une idée trop compliquée - une autre de mes spécialités ! Le fil directeur d'une pièce doit être simple, ne pas ouvrir sur mille possibilités. Je prends un exemple concret sinon c'est difficile à expliquer. Lorsque j'ai mis ma pièce Les affaires de Lucie en ligne (trop vite), c'était l'histoire d'un type qui venait de rompre avec une fille et angoissait à l'idée de lui rendre ses affaires. Je parlais non seulement de sa rupture, de sa frustration d'avoir été largué, mais aussi du pot qu'il avait décidé d'organiser pour se donner la force de lui rendre ses affaires. Je l'ai relue un an après et quelque chose clochait. Pourquoi ? Ce n'était pas assez clair, pas assez maîtrisé. J'ai tout réécrit en virant tout ce qui concernait la rupture et ses frustrations du personnage principal et n'ai gardé que l'histoire de ce comité d'accueil qu'il organise pour rendre ses affaires à son ex. Plus simple, se lit tout seul (enfin j'espère).
► Trop de personnages - tous les personnages sont-ils bien nécessaires ? J'ai remarqué que dans mes premières moutures j'ai toujours plus de personnages que dans la version finale. Les personnages aident à écrire, je trouve, mais parfois en les virant ou en rapportant ce qu'ils disent, on ne s'en porte pas plus mal.
CE QU'IL FAUT FAIRE
► Mettre ses projets terminés dans un tiroir. Je le répète, il ne faut surtout pas croire qu'on peut s'en passer. C'est peut-être la plus grande leçon apprise cette année. On ne peut juger d'un texte qu'en le laissant tomber pendant au moins trois mois. Six mois, c'est encore mieux.
► Ne pas chercher à trop analyser le pourquoi de ce qu'on écrit, car ça perturbe plus qu'autre chose. Il y a des pièces qu'on ne reconnaît pas, des sujets qui n'ont pas l'air de nous préoccuper tant que ça et qui pourtant finissent en pièces. C'est comme ça. Pas la peine de s'exciter non plus à essayer de comprendre pourquoi il y a des histoires, des thèmes qui ne nous lâchent pas. C'est comme ça aussi.
► Garder le moral ! Le plus important de tout, peut-être ? On ne peut pas plaire à tout le monde et il en faut pour tous les goûts. Il faut écouter la petite voix dans notre tête qui nous dit de faire ce qu'on fait, car ce serait quand même bizarre de privilégier ce que dit quelqu'un d'autre, non ?
Voilà mon bilan après dix pièces.