Il y a beaucoup de compétitions en Angleterre pour des pièces de théâtre courtes, d'une durée de 20 minutes, 10 ou 5 minutes. Je n'ai pas vu beaucoup de textes aussi brefs sur scène et je me demande où ces textes se jouent. Dans les pubs ? Dans les festivals ? Dans la rue ?

Dans toutes les revues de l'Avant-Scène que je lis, trois textes sont en général présentés : un long, un de 15/20 minutes et un texte très court (une page ou deux). Fait curieux, je ne lis jamais les textes courts. J'ai pourtant accumulé pas mal de revues au fil des ans, mais je passe toujours outre, préférant commencer une autre pièce d'une longueur "normale" que de me plonger dans une histoire et des personnages qui, je sais, ne vont pas être développés.

Je pense qu'un jour je vais m'y mettre et les lire tous les uns après les autres pour me faire une idée, mais pour le moment, je regarde tous les délais des concours pour textes courts me passer devant le nez, sans rien faire.

Pareil pour le cinéma d'ailleurs. Il y a pas mal d'appels à projets de court métrages en France et ce serait un bon moyen de se faire connaître et de rencontrer des gens, mais je bloque. J'ai essayé de me brancher court métrage et d'en regarder au cinéma ou à la télé, mais je trouve qu'on a le temps de rien faire avec ce genre de projets et que cela se termine avant qu'on ait pu apprécier quoi que ce soit. Cela prend du temps dans un film de cerner les personnages, parfois une bonne demi-heure, et c'est sympa de ne pas se sentir stressée et de savoir qu'on a le temps de voir l'histoire se développer.

C'est une optique différente, c'est clair, que je n'apprécie pas encore très bien. Je vais me pencher un de ces quatre sur le problème et aurai peut-être une toute autre vision des choses. Affaire à suivre donc.

Coup de chapeau de Bernard Slade, une pièce en deux actes publiée par l'Avant-Scène (numéro 660).

J'ai classé cette pièce sous "Pièce comique" parce qu'elle est traitée de manière légère, mais je me demande si on s'amuse beaucoup en la voyant. Le sujet est sérieux et ne prête pas à rire.

L'histoire : un homme qui a toujours fui les responsabilités essaie de renouer avec son fils lorsqu'il apprend qu'il est très malade. Ses amis, son ex-femme, son fils se retrouvent pour lui rendre hommage alors qu'on le voit essayer de vivre avec sa maladie.

C'est bien fait, bien écrit, mais on ne peut pas dire que le sujet soit hilarant.

Je crois que la grande préoccupation des producteurs anglais en ce moment est de trouver des programmes que j'appelle "jury et table", des programmes où ils peuvent mettre quatre à cinq tondus derrière une table, d'autres tondus pour danser ou chanter devant, et ça y est, eureka ! ils ont un programme.

Je ne regarde aucune de ces emissions, mais il ne semble n'y avoir que ça. Dès qu'il y a une formule qui a un peu de succès, elle est copiée à outrance jusqu'à la fatigue totale.

En attendant la super idée en vogue...

J'aime les auteurs qui sont un peu fantaisistes. Qu'est-ce que j'entends par là ? Des auteurs qui n'ont pas peur de s'éloigner de la norme, de faire ce qui leur chante, de faire des parenthèses en fonction de leurs intérêts, de leur humeur.

Prenons le cas de Woody Allen qui est pour moi un fantaisiste de premier cru.

Je le compare à un conducteur d'autocar qui s'apprêterait à emmener un groupe de touristes en excursion (comparaison dont il serait ravi, je suis sûre). Il n'est pas le conducteur-type qui va suivre exactement ce qu'on lui a appris à la lettre, respecter l'itinéraire... Non, il va inventer des arrêts, changer un peu la route en fonction de ses envies du moment ou de ce qui le fascine, permettant ainsi à tous ceux qui sont de la partie de faire une excursion rigolote.

Il a une vision d'auteur, quoi, il ose se détacher du lot pour faire comme il l'entend. Sa vision est comique, mais s'il écrivait des drames, ce serait pareil, on saurait bien que c'est lui qui est au volant.

Même phénomène en ce qui concerne mon ophtalmo/opticien du coin. Eh oui, il y a un rapport.

Je vais depuis trois ans chez un couple un peu excentrique avec lequel je peux toujours discuter et qui me conseille très bien sur mon choix de lunettes.

Horreur, avant-hier, j'y retourne et le tout a été repris par une chaîne avec des employés robotiques qui ressassent ce qu'on leur a appris sans la moindre dose personnelle ou trace d'humour. J'ai bien essayé d'engager la conversation, rien ! Ils suivent leur script, ce que leur boss leur a dit de dire, rien de plus, rien de moins.

La conclusion dans tout ça ? Les pièces de théâtre, les scénarios, c'est comme les excursions en autocar ou les visites chez l'ophtalmo... c'est tellement mieux lorsqu'on est dans les mains de gens inventifs, farfelus, qui ont de la personnalité !

Parfois quand on commence une histoire, on a une certaine idée de ce qu'elle va donner, de quoi elle va parler, des personnages... puis les mois passent, différentes moutures naissent, et quand on arrive à la fin, on est parfois un peu surpris de voir le résultat.

De nombreux changements ont eu lieu entre l'idée de départ et la réalisation finale et je trouve toujours amusant de voir les déviations que l'on prend.

Un auteur de théâtre est un peu comme une couturière qui se met à faire une robe en fin de compte. Le tissu est toujours là à la fin, la robe peut toujours être portée, mais au lieu de produire la robe ultra chic de taille 38 qu'on avait en vue pour se rendre à l'Opéra, on se retrouve avec une robe tunique de taille 42 parfaite pour aller à la plage.

On a maîtrisé ce qu'on a pu, mais une robe, comme une pièce, semble avoir sa propre vie et guider celui ou celle qui la réalise vers ce qu'elle veut devenir. Très étrange.

Le Tourniquet de Victor Lanoux, une pièce en huit tableaux publiée par l'Avant-Scène (numéro 520).

Je n'ai pas eu un plaisir fou à lire ce texte mais je peux en reconnaître les mérites. C'est une pièce originale, intéressante que l'on doit vraiment apprécier lorsqu'on la voit sur scène.

L'histoire : après ce qu'on imagine être une catastrophe nucléaire, deux hommes essaient de survivre dans un souterrain avec un ouvre-boîte, quelques gâteaux et boîtes de petits pois. Ils attendent la fin, il n'y a aucun espoir, mais l'un, plus cultivé que l'autre, essaie de faire emprise sur son compagnon...

C'est une pièce sur la faim, sur la solitude et l'attente de la mort, thèmes pas des plus marrants, il faut bien dire. J'aime pourtant l'humour noir, mais je n'ai pas toujours accroché. Les critiques en fin de revue ont bien aimé et ont l'air d'avoir rigolé.

Quelque chose de mirobolant à annoncer pour juillet ?

Je ne sais pas si cela va être mirobolant, mais je pense mettre une pièce à deux personnages en ligne vers la fin du mois. Il s'agit d'une pièce intitulée En bons voisins pour 1H et 1F.

A voir donc.