L'argot de "Fric-Frac"

La pièce d'Edouard Bourdet, dont je parlais hier, a été jouée au théâtre de la Michodière alors qu'Edouard Bourdet prenait ses fonctions d'administrateur de la Comédie-Française. Edouard Bourdet a presque dû s'excuser d'offrir un tel divertissement. Voici quelques propos qu'on peut lire en fin de revue :

Une coïncidence involontaire, mais qu'on n'a pas manqué de relever, a voulu que M. Edouard Bourdet prît possession de ses nouvelles fonctions d'administrateur général de la Comédie-Française le jour même où le théâtre de la Michodière donnait la répétition générale de Fric-Frac. D'aucuns ont fait mine de se scandaliser, d'autres ont seulement souri qu'un haut fonctionnaire de l'Etat signât ainsi une pièce dont l'action se passe dans un milieu assez équivoque d'escarpes, celui-là même qu'on  appelle, tout simplement le "milieu", et que le vigilant gardien de nos chef-d'œuvre classiques aggravât encore son cas en laissant à ses personnages la langue qu'ils parlent habituellement, à savoir l'argot.

M. Edouard Bourdet s'en est expliqué lui-même, non sans quelque humour, dans une note insérée au programme. Il y dit :

"Fric-Frac est une étude de mœurs, quelque chose comme un "documentaire" sur une catégorie assez peu recommandable de la population parisienne. La pièce se passe chez ce qu'on appelait au temps de Villon et qu'on appelle encore aujourd'hui les "truands". C'est dire que la langage qu'on y parle ressemble d'assez loin à celui de Racine et de Molière et je présume que les esprits inquiets trouveront que ce n'est point là tout à fait une œuvre compatible avec la dignité d'un administrateur de la Comédie-Française..."