Ecrire un roman ou une pièce de théâtre ?
Tout dépend si l'on souhaite bavarder ou pas.
Aucune possibilité de s'épancher au théâtre, je l'ai déjà dit, tout est action, il faut que ça bouge. Concocter de bonnes répliques est sympa mais pas suffisant, il faut qu'elles amènent quelque chose, fassent avancer le schmilblick. Et il faut aller vite. On ne peut pas s'éterniser à faire passer un message par le biais de longues conversations entre deux personnages assis tranquillement sur des chaises. Il faut que les mots déguisent, supportent une action.
Dans le roman, on peut tchatcher, faire mille parenthèses, c'est le langage, le style qui est primordial, l'action est secondaire.
Il faut voir donc ce qu'on a envie de faire. Écrire pour la scène est un exercice selon moi plus cérébral, presque mathématique, où il faut réfléchir pour justifier la présence de chaque personnage, orchestrer les entrées et sorties de chacun. Là est le vrai travail d'écriture d'une pièce, dans l'agencement de scènes, dans l'organisation, le raisonnement pour que tout soit logique. Le roman est une forme plus souple, plus libre, on fait un peu ce qu'on veut.
Je pense que c'est un goût pour l'interaction et les dialogues qui m'a fait commencer par le théâtre, mais au bout de quelques pièces, on prend conscience de la rigidité de cette forme. La bonne nouvelle est qu'il est plus facile à mon avis de passer du théâtre au roman, plus facile de se lâcher que de se brimer. Peut-être que c'est pour ça qu'il y a plus de romanciers que de dramaturges, c'est plus attrayant de pouvoir faire ce qui nous chante.