Après une seconde année à analyser le processus d'écriture, je me demande si en fin de compte je ne perds pas mon temps et devrais me résigner au fait que le tout m'échappera toujours un peu (voire un peu beaucoup). Difficile de mettre tout ça dans une boîte et de le filer à son voisin. Il faut s'y mettre et voir ce qui arrive.
Il y a des étapes par lesquelles il faut passer, ça j'ai bien compris, une manière de construire des histoires, ce qui se résume en fin de compte à passer un maximum de temps à se triturer la tête. Se triturer la tête pour écrire des scènes en rapport avec notre concept de départ et trouver la meilleure manière de les agencer. Voilà, pour moi, en quoi se résume le boulot d'écriture d'une pièce de théâtre ou d'un scénario. Il faut faire que tout soit à sa place, au moment où il faut, alors on bouge, change, supprime des morceaux lorsque cela ne sonne pas bien à l'oreille, arrive trop tôt ou trop tard, surtout si on est intéressé par l'écriture de comédies. Comme une bonne femme d"intérieur, il faut être efficace au niveau du rangement.
Ce que j'ai aussi appris, c'est que ce travail de structure amène son lot de blocages, et donc ses moments de pause, mais à part ça, que dire ? Personne ne sait vraiment d'où les idées nous viennent, pourquoi certains écrits aboutissent ou pas, pourquoi on s'entête parfois stupidement, pourquoi parfois l'inspiration peut nous venir en dormant, pourquoi une idée est plus facile à développer qu'une autre, bref, on connaît les étapes mais on ne maîtrise pas mieux le processus pour autant.
Il me semble aussi qu'on reste toujours un peu étonné par ce qu'on écrit, de la manière dont on l'écrit et du temps qu'il faut parfois pour pondre quelque chose. Chaque pièce est un nouveau défi qui amène un nouveau lot de problèmes, et le pauvre auteur essaie de rester dans l'aventure comme il peut.
C'est peut-être pour ça qu'écrire des pièces est une activité passionnante, rien n'est défini à l'avance, tout est du cas par cas, impossible de savoir précisément dans quoi on s'embarque quand on a une idée qui nous tient à cœur.