Pour faire suite à mon message d'hier, et après une année passée à étudier le processus d'écriture, quel est le bilan ? Y a-t-il un bon moment pour écrire ?
Il y en a surtout pas mal de mauvais, des jours où rien ne se passe et où on regarde le plafond en se demandant pourquoi on est aussi bouché, aussi peu inspiré.
J'ai remarqué que diverses distractions peuvent causer cet état d'inefficacité totale, les soucis de déménagement par exemple, financiers ou autres qui coupent l'inspiration en un rien de temps. Si on est submergé par les problèmes pratiques, impossible de trouver la liberté nécessaire pour créer quoi que ce soit.
J'ai aussi noté que lorsque l'on est très fatigué, ce n'est pas génial non plus. Trop de boulot, trop de lectures, divers engagements à droite et à gauche peuvent rendre la concentration difficile, et l'écriture douloureuse.
Lorsqu'on est déprimé après une lettre de refus par exemple, trouver la bonne disposition d'esprit pour s'y remettre n'est pas évident non plus.
Bref, pour résumer, quand on a l'esprit préoccupé, on a tendance à avoir plus de difficultés à écrire.
Le problème, c'est lorsqu'on n'est pas du tout préoccupé, lorsqu'on a sacrément la frite, eh bien, ce n'est pas dans la poche non plus. Quand je suis bien, j'ai envie de rester bien, et je vois mes pièces comme des maux de tête potentiels, donc je préfère les éviter.
Voilà le constat, il y a plein de jours où ce n'est pas le pied pour celui ou celle qui essaie d'écrire, des jours où la passion n'est pas au rendez-vous, où l'inspiration nous fait défaut. "Ouah, quelle révélation !" , j'entends dire. Mais c'est vrai. Le moment où on est à son meilleur pour écrire, où on est "dans la zone", est en fin de compte assez rare, il faut un équilibre mental particulier, ne pas être trop fatigué, trop déprimé, trop soucieux, trop occupé... la liste est longue !
Ce qui énervant c'est qu'il est impossible de savoir quand le bon moment pointera son nez, le week-end où l'on sera le plus efficace. Je dirais même que plus on prévoit de bien bosser tel ou tel jour, plus cela risque d'être la cata, une mega perte de temps. L'inspiration est comme une rage de dents, un bouton sur la figure, un orage qui arrive alors qu'il faisait beau deux minutes avant, difficile de les voir arriver, difficile d'anticiper.
C'est un peu comme lorsqu'on écoute la radio en fin de compte. Il y a des moments où la réception est particulièrement super, quelque chose dans l'atmosphère fait qu'on capte tout. Il y en a aussi d'autres où, sans trop savoir pourquoi, on n'entend rien, ça grisaille de partout, comme si le poste avait été déplacé dans la pièce d'à côté, voire au bout de la rue !
Voilà le résultat de mes réflexions après un an, ce qui n'est pas terrible, j'en conviens. Écrire n'est pas une activité qui se répète chaque jour de la même manière, le temps varie, notre humeur aussi et, avec, notre efficacité à pondre mot après mot.
J'entends d'ici certains dire "Allons, un peu de discipline...", mais la discipline ne fait pas tant de miracles que ça. On peut se forcer à s'y mettre, je suis d'accord, mais se forcer à provoquer la vraie inspiration, je n'y crois pas des masses. Le bon moment pour écrire, le moment où tout arrive tout cuit, facilement, nous tombe dessus plus qu'il ne se cherche...